IA : opportunités & dérives
L'intelligence artificielle (IA) révolutionne profondément notre manière de travailler, particulièrement dans les métiers liés à la communication. Des outils comme ChatGPT, MidJourney ou Jasper facilitent la rédaction, la stratégie de contenu, l'analyse de données et la création visuelle. Selon McKinsey (2023), 60 % des professionnels de la communication ont intégré l'IA à leur travail, et 35 % notent une amélioration notable de leur productivité.
Cependant, cette efficacité entraîne des conséquences : en déléguant à l'IA des tâches autrefois stimulantes, nous risquons d'affaiblir notre capacité à réfléchir, à innover et à créer. Cette mutation dépasse le cadre professionnel, modifiant aussi notre manière d'interagir et de penser, les dérives cognitives étant déjà bien réelles.
Quand l'IA influence nos comportements relationnels
L'utilisation quotidienne de l'IA modifie notre façon d'exprimer nos demandes. Dans l'enseignement, par exemple, la manière dont les étudiants interagissent avec les agents conversationnels (« Fais-moi ça », « Corrige vite fait ») révèle une tendance à la directive brutale. Ce comportement se transpose insidieusement dans les échanges humains, où les formules de politesse sont progressivement délaissées.
Bien que l'IA ne ressente rien, traiter les machines sans considération normalise une logique de domination. Cette posture affecte inconsciemment nos interactions avec nos collègues, collaborateurs, voire notre entourage proche, en réduisant l'empathie et le respect.
La qualité des prompts : une nécessité stratégique et éthique
Pourtant, soigner nos interactions avec l'IA n'est pas seulement une question d'éthique : c'est aussi une stratégie d'efficacité. Des recherches d'OpenAI (2022) démontrent que des demandes structurées et respectueuses génèrent des réponses jusqu'à 30 % plus pertinentes. Un prompt clair comme « Pourriez-vous rédiger un article détaillé sur l'impact de l'IA dans la communication ? » sera toujours plus efficace qu'une requête expéditive.
En cultivant cette rigueur, nous clarifions nos propres idées et améliorons la qualité de notre travail, tout en adoptant une posture respectueuse envers l'outil lui-même.
De l'interaction avec la machine à une humanité renforcée
L'IA agit comme un révélateur de notre humanité, mettant en lumière nos biais relationnels. Selon des recherches récentes (Stanford, 2023), pratiquer la politesse et la précision avec l'IA améliore également nos compétences communicationnelles dans les interactions humaines. Ce phénomène de « prompt literacy » renforce notre capacité à structurer clairement nos pensées et à anticiper les besoins de nos interlocuteurs.
À l'inverse, négliger ces aspects relationnels dans nos échanges numériques banalise une communication froide et immédiate, ce qui appauvrit nos interactions professionnelles et sociales.
L'avenir : vers une éthique relationnelle à l’ère numérique
Loin de menacer notre humanité, l'IA pourrait paradoxalement nous aider à la reconquérir. En exigeant de nous un langage précis, courtois et structuré, elle favorise indirectement le retour de pratiques relationnelles saines dans le monde du travail. Des entreprises comme IBM ou Salesforce l'ont bien compris, intégrant déjà le « prompt engineering » dans leurs formations managériales.
Finalement, la politesse envers l'IA ne s'adresse pas tant aux machines qu'à nous-mêmes : elle rappelle que toute collaboration mérite un cadre respectueux. Ainsi, dire « s'il vous plaît » à ChatGPT pourrait bien être le premier pas pour renouer avec des interactions humaines plus chaleureuses et équilibrées au quotidien.